Wayne Shorter na festiwalu jazzowym w Wiedniu

Au cours d'une carrière royale qui s'étend sur près d'un demi-siècle, à combien de moments décisifs de l'histoire du jazz ce saxophoniste génial et volontiers discret aura-t-il participé sans jamais apparaître comme un véritable chef de file ?... Et pourtant. Du hard-bop des Jazz Messengers jusqu'à son fabuleux quartet des années 2000 (avec Danilo Perez, Patitucci et Blade), depuis l'épopée séminale du "second quintet" de Miles Davis (65/68) jusqu'à l'univers électrique et métissé de Weather Report, Wayne Shorter est toujours resté lui-même en ne cessant de s'immerger dans des contextes différents. Jeune surdoué formé à bonne école, Shorter intègre dès ses débuts professionnels en 1959 'l'université du jazz' : the Jazz Messengers. Pendant cinq ans, il s'y impose comme un compositeur et arrangeur aux conceptions harmoniques originales. Mais c'est surtout le sax ténor (il ne s'intéressera au soprano que plus tard, à la fin des années 60) qui interpelle alors Miles Davis qui se prend d'affection pour ses falsetto et ses notes étranglées. Au contact de Miles, Wayne Shorter acquiert un sens de l'espace et du silence. Après Weather Report (fondé en 1971), après le groupe VSOP, dans l'écriture de musiques pour le cinéma ou collaborant avec des orchestres symphoniques, Shorter fait toujours la démonstration d'un temps qui s'écoule sans linéarité. Avec un souffle de plus en plus elliptique, son art atteint aujourd'hui une quintessence. Wayne Shorter (ts, ss), Danilo Perez (p), John Patitucci (b), Brian Blade (dms).